"Un corps nu écartelé, lascif et inerte
Quatre bracelets de cuir pour parure
Un cou enfermé dans un collier, signe de servitude
Plongée dans une douce torpeur
Une joue déposée sur le drap dans la quiétude.
Deux mains assurées, reines, impératrices
Fixent les chaînes avec douceur et fermeté aux anneaux des bracelets
Au son d'une musique suave et métallique.
Quatre membres abandonnés qui se laisse déplacer, manipuler comme une poupée de chiffon.
Une touche finale, un tableau de Maître
L'artiste qui observe, apprécie son œuvre
Le corps, les sens en éveil, tire doucement, puis intensément sur les attaches pour éprouver leur contrainte, leur étreinte
Au chant des boucles de métal qui se heurtent.
L'esprit qui accepte ces liens comme partie intégrante, à l'unisson du corps qui retrouve le calme et redevient passif.
Dix petits doigts libres qui s'échappent, s'accrochent et s'attachent aux fines tiges de fer à la tête du lit.
Deux mains autonomes qui se promènent, vont et viennent, s'agrippent, le long des montants apaisants et sensuels.
Un regard qui se perd, hypnotisé par les mains fermement serrées autour des barreaux
Un regard qui s'évade dans le vide.
L'esprit qui se fixe, au contact lisse et rigide, aux sensations pénétrantes
Deux yeux entre ouverts qui ne voient plus que les images de l'esprit.
Envahie de plénitude, le corps, les chaînes, le lit, les barreaux, le Maître disparaissent.
L'esprit divague, vole, s'envole.
Elle est ailleurs, hors du temps.
Le Maître, magnanime et tout puissant lui accorde ce présent.
Puis dans un élan d'autorité brutal, jugeant que le cadeau est suffisant, réveille violemment le temps, récupère ce corps qui lui appartient, ramène l'esprit dans son habitacle.